“Est-ce que l’hypnose marche sur moi ?” est sûrement la question que l’on se pose le plus lorsque l’on n’a pas encore expérimenté cet état. De mon expérience : oui, mais chacun·e à sa manière.
Avec l’appui des études en neurosciences à ce jour, approfondissons la question et voyons comment l’état hypnotique peut être très bénéfique, bien que non obligatoire, en séance de thérapie.
La première chose à savoir est que nous passons par un état hypnotique plusieurs fois par jour, sans nous en rendre compte (j’en parle plus en détails ici). Mais nous ne sommes pas forcément capables de l’exploiter pour aller mieux, ou pour régler les questions qui nous travaillent.
Cela s’explique par la conversation parfois difficile entre deux zones du cerveau. D’un côté il y a le système limbique, que nous pourrions appeler “cerveau émotionnel” ou “esprit inconscient”. De l’autre, le cortex préfrontal, le “cerveau rationnel” ou “esprit conscient”. Sous IRM fonctionnel, on a remarqué que le cerveau émotionnel envoie facilement des informations au cerveau rationnel. En revanche, ce dernier a du mal à renvoyer des messages au cerveau limbique.
C’est pour cela que, lorsque nous sommes stressés par exemple, nous avons du mal à nous calmer par la volonté seule, simplement en y “pensant”. Il faut alors travailler avec le cerveau émotionnel, l’inconscient, en parlant son langage : respiration, sensations, images. Dès que nous faisons cela, nous sommes déjà dans une forme de transe qui permet de réorganiser notre expérience, et donc propice à des effets thérapeutiques.
Le plus important n’est pas la technique employée, mais le·la praticien·ne qui les manie. En cabinet, l’idée est simplement de recréer cet état que vous connaissez déjà, en entrant par la porte qui vous est la plus familière. L’hypnothérapeute est là pour comprendre votre personnalité et votre sensibilité, et vous aider à développer votre acceptation de l’état de transe.
Car le principal blocage vient de là : la peur que peut avoir le cerveau conscient face à cet état où il n’a plus l’impression d’être le seul maître à bord ! Impression qui est souvent une fiction, car si le conscient était vraiment tout-puissant, nous pourrions régler nos problèmes par la seule force de la réflexion et de la logique.
Mon approche mêle hypnose ericksonienne (issue du Dr. Milton Erickson, psychiatre qui a popularisé l’hypnose thérapeutique au XXe siècle), transe générative (par Stephen Gilligan, docteur en psychologie et élève d’Erickson) et P.N.L. (modélisation des processus hypnotique mais sans transe ou très légère).
Avec ces différentes méthodes, mon travail en séance est de vous initier à apprivoiser votre état de transe, pour que le conscient et l’inconscient ne s’effraient pas l’un l’autre mais collaborent à créer la vie que vous souhaitez vraiment. Pour cela, l’élément-clé est de créer un état d’absolue sécurité, sur-mesure. En résumé : sans confiance, pas de transe !
Depuis plusieurs années, des recherches sur la réceptivité en hypnose sont étudiées à l’université de Stanford. Ces tests ont permis d’établir une “échelle de susceptibilité hypnotique”. Les derniers résultats classent les sujets en quatre catégories :
Selon l’étude, 83% de la population serait donc “hypnotisable” à un degré plus ou moins profond. Néanmoins, les auteurs eux-mêmes reconnaissent le caractère expérimental de l’étude et précisent que les résultats peuvent différer selon les suggestions proposées au sujet.
En utilisant des approches moins automatisées et moins directives (obligatoires pour l’aspect scientifique de l’étude, afin de pouvoir observer des données similaires) mais davantage sur-mesure et indirectes, ce taux pourrait donc augmenter significativement. Pour s’en convaincre, il suffit de voir l’incroyable taux de réussite des transes thérapeutiques de Milton Erickson.
Le véritable talent d’Erickson était de s’adapter à chacun·e pour parler directement à son inconscient. Et une récente étude de 2024 montre que là pourrait être le secret : contourner le cortex préfrontal dorsolatéral gauche (responsable de la planification et des fonctions exécutives) entraînerait une meilleure réceptivité à l’hypnose.
L’idée est donc d’apaiser cette zone du cerveau qui a l’habitude de prévoir, anticiper, décider comment faire les choses pour rester en contrôle de l’environnement, pour laisser la transe s’installer. Il existe de nombreuses techniques pour cela, et c’est la finesse de l’hypnothérapeute, la confiance que vous lui accordez et votre envie de vous plonger – temporairement – dans cet état qui favorisera la discussion avec votre moi inconscient, vaste et bienveillant.