Qu'est-ce que la PNL ?

La PNL, ou Programmation Neuro-Linguistique, s’intéresse aux interactions entre la pensée (Neuro) et le langage (Linguistique) qui organisent le fonctionnement de notre corps et de nos comportements (Programmation), ainsi que les résultats que nous en obtenons. Penchons-nous sur son efficacité. 

Les origines de la PNL

La PNL a été créée dans les années 1970 aux États-Unis par John Grinder (linguiste et psychologue) et Richard Bandler (mathématicien et praticien en Gestalt-thérapie). Leur but était de créer une méthode qui synthétise ce qui “marche” dans différentes approches thérapeutiques. Ils sont alors allés étudier les thérapeutes qui affichaient un haut taux de réussite dans leurs accompagnements. Parmi eux : 

  • Milton Erickson, psychiatre et psychologue américain qui a joué un rôle important dans le renouvellement de l’hypnose clinique, ayant marqué la pratique par son propre style, l’hypnose dite ericksonienne, créative et non-directive.
  • Fritz Perls, un psychiatre et psychothérapeute allemand élève de Sigmund Freud, fondateur de la gestalt-thérapie. La Gestalt, est une psychothérapie qui tient beaucoup plus compte de l’interaction constante de l’être humain avec son environnement.
  • Virginia Satir, une psychothérapeute américaine, célèbre particulièrement pour son approche de la thérapie familiale. Elle a co-créé l’équipe du Mental Research Institut (MRI), plus connue sous le nom d’École de Palo Alto.

Le but premier de la PNL était donc de modéliser ce qui faisait “l’excellence” de quelqu’un reconnu performant dans son domaine, afin de pouvoir la transposer à n’importe qui d’autre. La promesse est attirante, mais aborde l’humain avec un angle très “ingénierique” en insistant trop sur la volonté. Comme si tout était maîtrisable et perfectible chez soi (ce qui, mauvaise nouvelle, est une illusion !).

Les praticien·nes des générations suivantes, notamment Robert Dilts et Judith Delozier, ont intégré les dimensions sociales et corporelles à la méthode. Car nous ne sommes pas des machines reprogrammables, mais avant tout des êtres relationnels et émotionnels, influencés par notre environnement et les sensations spontanées de notre corps.

Le discours polarisé autour de la PNL

En faisant mes recherches pour cet article, je suis tombé sur des discours très polarisés. D’un côté, les fervents défenseurs de la PNL, qui avancent des arguments parfois trop peu sourcés à mon goût. De l’autre, les détracteurs de la PNL qui condamnent son approche absolue et mercantile.

Les rapports entre la PNL et la recherche académique sont historiquement conflictuels, et ce pour 3 raisons selon moi : 

  1. Les créateurs de la PNL ont beaucoup d’égo et ont basé leur approche très pragmatique en opposition au monde académique, plus théorique. Là où la PNL a pu tomber dans un écueil, c’est en voulant systématiser ses méthodes, c’est-à-dire en les prétendant efficaces pour tout le monde et en toutes circonstances. 
  2. La PNL n’est pas restée une méthode en libre accès, mais est devenue un véritable business. D’ailleurs, cela a créé de telles tensions que les deux fondateurs ne travaillent plus ensemble aujourd’hui.
  3. La PNL est allée puiser dans beaucoup de domaines, si bien qu’il est impossible de tester l’efficacité de “la” PNL en entier. La meilleure approche serait d’étudier protocole par protocole, ce qui commence lentement à être fait.


En tant que praticien PNL mais aussi étudiant en psychologie clinique, cette mésentente entre PNL et recherche me pose problème car elle manque de nuance. La PNL, comme toute pratique, est limitée et agit mieux lorsque combinée avec d’autres méthodes — comme l’hypnose, par exemple. Mais elle a également proposé des outils dont l’efficacité a pu être démontrée.

Sur quoi la PNL est-elle efficace ?

Car s’il y a encore du chemin à faire pour réconcilier recherche et PNL, quelques méta-analyses montrent que la PNL a déjà fait ses preuves sur : 

  • Le traitement des traumatismes ;
  • Le traitement des phobies ;
  • Les techniques de dissociation, particulièrement utiles pour créer un cadre propice à la discussion thérapeutique, ou apaiser des peurs comme parler en public ;
  • Une vie émotionnelle vécue plus positivement, notamment grâce aux techniques d’ancrage (associer un geste avec un état émotionnel) ;
  • L’amélioration de l’apprentissage, notamment académique, avec un développement de l’esprit critique et de l’intelligence émotionnelle.


En résumé,
la PNL est très efficace pour résoudre des problèmes ponctuels et propose de bons outils de diagnostic. En cela, elle peut être classée parmi les “thérapies brèves”.

Mais “bref” ne devrait pas être confondu avec “pressé” ! Si les résultats montrent que les effets perdurent dans le temps après l’intervention, ils sont encore plus efficaces lorsque les patients continuent le travail thérapeutique sur la durée (au moins plusieurs mois). Car, au-delà des techniques, c’est avant tout la relation patient·e-thérapeute qui garantit les meilleures avancées

Ressources ayant servies à écrire cet article
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  • Genser-Medlitsch, M.; Schütz, Peter: Does neurolinguistic psychotherapie has effects. In: Nowiny Psychologiczne, 2004, 1, 23-48.
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  • Zaharia, Catalin; Reiner, Melita; Schütz, Peter: Evidence-based Neuro-Linguistic Psychotherapy: A Meta-Analysis In: Psychiatria Danubina 2015, Vol 27, No 4, pp 355-363.
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